Réconciliation ou crêpage de chignons ? { pv Electra }

Il faisait beau. Certes, la température n’était pas très élevée mais on pouvait déjà se mettre en tee-shirts et en jupes ou en shorts. On commençait à profiter du soleil et de l’air pur qu’il y avait au dehors avant de rester enfermé dans l’Académie pour les examens de fin d’année. Alors, la plupart des élèves étaient dehors, à discuter à l’ombre d’un arbre, écouter la musique ou jouer de la guitare assis sur l’herbe, à la chaleur du soleil ou assis à une table, à lire ou à travailler sur ses devoirs. Tout montrait, en apparence, une académie dans laquelle il ne se passait jamais rien. Peut-être que les futurs élèves étaient « aveuglés » par la beauté de l’académie, par ce qu’elle promettait qu’ils ne creusaient jamais en profondeur pour savoir. En même temps, tout était si bien caché ( ou presque ) et il y avait tant de rumeurs qu’il était impossible de savoir où était la vérité.
J’étais parmi ces gens qui prenaient un bol d’air. Oui, certains étaient restés çà l’intérieur car « ils ne supportaient pas la chaleur ou le brouhaha qu’il régnait dehors ». Pathétique. Alors, eux, ils travaillaient leurs maths, leur anglais ou leur histoire entre les quatre murs d’une pièce, enfermée dans une pièce où la chaleur était plus forte qu’au dehors. Certes, la tentation de rester à l’intérieur m’avait hanté durant quelques minutes mais j’avais préféré m’aérer l’esprit et travailler dehors. Alors, j’avais fourré quelques cahiers dans mon sac, enfoncé ma trousse entre mes cahiers et pris quelques livres avant de m’échapper, avec toutes mes affaires, dans le Parc.
Il restait une table de libre, heureusement. Je n’avais pas le cœur à demander aux gens si je pouvais m’asseoir à leur table. J’avais envie d’être seule pour travailler plus efficacement. Pour pouvoir bosser sans être constamment dérangée par les rires des autres ou la table qui bouge parce qu’un boulet aura tapé dans le dos de son pote et ne se sera pas excusé de l’avoir envoyé embrasser le bois de la table. Alors, je m’assis, tranquille, seule, à une table et je sortis mes cahiers et ma trousse. J’en ouvris un et je lus le cours avant de prendre un cahier d’exercices et de les faire en me référant au cours. Pourtant, je bloquais. J’avais beau tenter et retenter de faire un calcul, je trouvais des résultats différents. Je ne comprenais pas d’où venait ma faute. La dixième fois que je refis le calcul, je le ratais. Alors, je balançais mon crayon sur la table, énervée, et je m’exclamais plus pour moi-même que pour les autres :
« Mais ça m’énerve ce calcul de mes deux !! »
Je ne fis pas attention à l’ombre qui se profilait autour de moi.

Il faisait chaud. Electra se baladait dans le parc histoire de se détendre un peu. La jeune fille était vêtue d'un te-shurt noir et d'un slim gris. Elle portait des chaussures noirs. La jeune Trowpton aperçut alors une silhouette qu'elle connaissait bien. C'est alors que la jeune blonde se figea. Que fallait-il faire ? Aller lui parler ? Ou s'enfuir en courant ? Après quelque minutes d'hésitation elle décida de prendre un air nonchalant et d'aller lui parler.

E : Bonjour Heather...

Electra S'assit à côté de la jeune fille. Heather Mcberry. Son ancienne meilleure amie. Son ancienne "soeur... Les jeunes filles ne se parlaient plus depuis qu'Electra se droguait...

L’ombre se figea à mes côtés. Du coin de l’œil, je vis quelqu’un. Je ne tournais pas la tête. Je savais qui c’était. Je l’avais reconnu rien qu’à son odeur. A l’odeur du parfum qu’elle portait. Je soupirais une fois, histoire de bien montrer qu’elle me dérangeait. Je repris le stylo qui attendait sagement sur la table qu’on vienne le rechercher. Tout en le gardant dans ma main, je me tournais vers Electra et je la dévisageais.
C’était ma meilleure amie, ma « sœur de cœur », comme on dit. On se disait tout, vraiment tout. Nos peines de cœur, nos désespoirs, nos bonheurs. On était toujours ensemble auparavant pour faire les boutiques ou pour traîner dans les rues. On allait toujours au ciné toutes les deux. On ne me voyait jamais sans elle. On était comme les doigts de la main. Inséparables. Mais, en entrant au lycée, on a commencé à s’éloigner. Trop s’éloigner. Cette distance m’avait déchiré le cœur car je n’avais jamais pensé qu’Electra sombrerait dans la débauche. Elle était tellement accro à ça qu’on s’était complètement coupée l’une de l’autre. Et maintenant, je l’avais en face de moi. Elle me disait bonjour. J’hésitais à prendre mes affaires et à retourner à l’intérieur, histoire de lui faire remarquer que je n’en avais plus rien à faire d’elle. Mais ce n’était pas vrai ! C’était Electra, mon ancienne meilleure amie. Celle avec qui j’avais partagé tant de choses.
« Salut Electra. Que viens-tu faire ici ? »
Je relevais légèrement la tête comme pour la mettre au défi de dire quelque chose de bien méchant. Elle en serait capable. Combien de fois, quand on était ensemble, à sortir en ville, je me moquais des gens que je n’aimais pas ? Elle avait été aussi méchante que moi. Elle m’avait tenue éloignée d’elle durant de très longs mois. C’était la chose la plus ingrate qu’elle pouvait me faire. Jamais je n’aurais eu le courage de couper les ponts avec elle.

E : Oh est bien j'était venue faire une partie de tennis. tu veux venir ?

Electra répondit à Heather en se moquant de sa question. mais au fond 'elle, elle aurait voulu lui sauter dans les bras et lui raconter la fête d'hier mais... E. savais que Heather n'appréciait pas ce genre de soirée où il y a de la drogue et que tout le monde couche avec tout le monde. Pourtant, c'était l'univers d'Electra.

E : Sinon quoi de neuf toi et tes amis acrobates ?

En prononçant cette phrase la jeune universitaire fit une grimace. Elle détestait ces gens qui passait plus de temps avec Heather qu'Electra...

Lorsqu’Electra me proposa une partie de tennis, je me mis à la regarder comme si c’était une alien. Oui, ça devait être ça. On ne s’était pas parlé depuis belle lurette et voilà qu’elle venait vers moi dans l’intention de me proposer une partie de tennis. Je ne savais plus quoi penser d’elle. Il y avait tant de choses qui se bousculaient dans ma tête, tant de choses qui me faisaient douter d’elle, de moi, de tout. Tant de choses qui, durant des jours, m’avaient plongée dans la déprime. Tant de choses qui faisaient que je remettais toute ma vie en cause. Je sais pourtant qu’un jour, je devrais reprendre le contrôle de ma vie. Je ne savais pas quand cela pourra se faire. De toute façon, on ne sait jamais quand elle reviendra dans le droit chemin. On fait tout pour que ça arrive le plus vite possible et résultat, on se foire en beauté. Alors, je regardais celle qui m’avait détourné de mon chemin, celle qui m’avait fait douté de la voie à suivre. Avec un sourire ironique aux lèvres, je lui répondis.
« Pourquoi viens-tu me parler maintenant ? Pourquoi ? J’ai attendu tout ce temps que tu viennes m’adresser la parole, que tu t’excuses de tout le mal que tu m’avais causé, mais je ne voyais rien venir. Je ne suis jamais venue vers toi car je n’avais rien à t’expliquer. Maintenant, tu as choisi ta voie, j’ai choisi la mienne. On est dans deux univers différents, et tu ne peux pas nier qu’on ne se ressemble plus. Ah, et pour la partie de tennis, je refuse. J’ai un devoir d’histoire à finir. »
Je retournais à mon cahier pour répondre aux questions de l’exercice. Des questions d’histoire qui portaient sur la Première Guerre Mondiale. Ce n’était pas la partie d’histoire la plus dure, loin de là, mais elle n’était pas facile. En effet, sous tous les gros détails, se cachaient d’autres choses, plus implicites. Il fallait creuser pour trouver. Alors, je me coupais en partie de la réalité. Déconnectée de mon temps pour me plonger dans celui des poilus, dans le temps de ceux qui sont morts pour la France, si on pouvait dire ça. Ils n’y étaient pas allés de leur plein gré. Ils ne se sont pas levés un matin en se disant « Ah tiens ! Et si j’allais me faire tuer à la guerre ? ». Non, ils avaient été forcés à abandonner femme, fils et filles afin de défendre leur patrie. Humains contre humains. Morts contre morts. Déceptions sur déceptions. J’étais en train de répondre à la question qui portait sur le bilan général de cette guerre lorsqu’une nouvelle question me fut posée. Sans lever les yeux de mon cahier et sans m’interrompre, je répondis.
« Sinon quoi de neuf toi et tes amis acrobates ? »
« Tu sais que tu peux aussi les appeler les cheerladers, ça ne coûte rien. Ce qu’il y a de neuf ? Je bosse pour mes examens de fin d’année. Tu devrais en faire autant, tu verras, c’est cool. Et puis, avec les ‘’acrobates ‘’ comme tu dis, on prépare quelque chose, mais je n’ai pas encore envie d’en causer. Tu auras la surprise quand tu viendras si tu n’es pas occupée avec tes amis les drogués à sniffer ou a fumer un joint. Peut-être même à aller faire des acrobaties avec un de tes potes, qui sait ? Peut-être que t’en as rien à faire du tout de ce que je fais en dehors de mes leçons à savoir les cheerladers. D’un côté, ça ne m’étonnerait pas de toi. »
Je levais enfin le regard de mon cahier pour la fixer. J’haussais les sourcils comme pour l’inciter à approuver mes dires. La connaissant, elle n’oserait pas me blesser, sauf si elle était vraiment méchante.